En 30 mois, Rénovation Privée a remodelé en profondeur les 24 000 mètres carrés de cet immeuble phare de l’avenue des Champs-Élysées, destiné à accueillir des commerces haut de gamme et des bureaux. Une belle aventure humaine démontrant la force d’une relation maître d’ouvrage-constructeur exemplaire.
Durant 25 ans, l’enseigne rouge et blanche du Virgin Megastore a recouvert les murs du numéro 52 de l’avenue des Champs-Élysées, faisant de ce lieu un temple de la culture et du loisir. À partir de la vaste coupole tout en marbre de l’entrée, amateurs de livres et d’instruments numériques s’éparpillaient en étoile pour investir les étages en un flot continu. Mais en 2017, le ronronnement de la clientèle a cédé la place à celui des machines de Bouygues Bâtiment Ile-de-France - Rénovation Privée. Quatre ans après la fermeture de l’enseigne de Richard Branson, Harrods a confié à l’architecte Philippe Chiambaretta le soin de redessiner l’édifice, et à Bouygues Bâtiment Ile-de-France - Rénovation Privée celui donner vie à ce projet.
Erigé en 1932, ce bâtiment paquebot avait été conçu par l’architecte André-Louis Arfvidson pour héberger la First National City Bank of New York. Sa réhabilitation a commencé par une déconstruction.
« Au gré du temps et des différents usages, les aménagements s’étaient superposés, comme un millefeuille. L’ensemble n’était plus aux normes et peu fonctionnel. Il fallait donc revoir en profondeur la structure du bâtiment pour lui rendre une lisibilité et une fluidité d’usage. » rappelle Ludovic de Vaumas, responsable Travaux.
« Nous avons rencontré quelques imprévus, comme du revêtement amiante résiduel qu’il a fallu retirer. Mais heureusement, ce bâtiment à l’ossature entièrement métallique est dans un état structurel très sain. »
Pour le rénover, l’équipe en charge du projet a dû relever plusieurs défis.
Tout d’abord, préserver les parties historiques qui représentent l’âme patrimoniale de ce bâtiment, notamment ses éléments décoratifs d’origine typiques de l’Art Déco : colonnes et sol en marbre, escalier remarquable ou encore ferronneries exceptionnelles.
Au sous-sol, la présence d’une porte gigantesque d’un ancien coffre fort témoigne de l’usage originel du 52. Des artisans d’arts ont été appelés pour restaurer les grilles d’entrée en acier forgé, une voûte composée de 5 000 pavés de verre, et sur le toit, une jolie mosaïque typique des années 1930. Enfin, la prise en compte des impératifs liés aux activités commerciales du bâtiment a également représenté un défi de taille : ainsi il a fallu maintenir en activité certains commerces installés dans la galerie et livrer par anticipation des zones pour les travaux d’aménagements des futures enseignes.
Certaines d’entre elles, comme Louis Pion et Naf-Naf ont définitivement quitté les lieux. D’autres, comme Monoprix ou Travelex, ont maintenu leur présence durant la quasi-totalité du chantier.
Aujourd’hui, de grandes marques de luxe, telles que Chanel et Dior, s’installent aux galeries du rez-de-chaussée et dans les bureaux des étages. Quant à la plus grande surface commerciale, jadis occupée par Virgin, elle accueille les Galeries Lafayette sur quatre niveaux, qui profiteront de plusieurs centaines de mètres carrés supplémentaires, créés ex-nihilo.
« Le bâtiment avait une cour centrale au rez-de-chaussée, que nous avons remontée de trois étages pour créer de l’espace en plus », explique Ludovic de Vaumas.
D’une façon générale, le bâtiment a pris du muscle. Ses planchers sont passés de 8 cm à 20 cm d’épaisseur, augmentant sa capacité de charge au mètre carré. 160 tonnes d’acier y ont été ajoutées et 4 600 mètres carrés de béton coulés. De quoi répondre aux demandes d’un client exigeant, qui souhaitait un bâtiment actualisé aux toutes dernières normes sécuritaires et environnementales. Cerise sur le gâteau, le toit terrasse ouvrant sur Paris accueille désormais un restaurant, et même un petit potager sous serre, où seront cultivées des plantes aromatiques dédiées aux cuisines.
Si les travaux ont pu être menés dans les délais, c’est bien entendu grâce au savoir-faire des équipes, mais aussi grâce à un maître d’ouvrage pragmatique et particulièrement impliqué.
« Un excellent souvenir de travail, confie Gilles de Jouvencel, directeur de production. Tout s’est déroulé en bonne intelligence. De part et d’autre, chacun était transparent sur les difficultés et sur les enjeux, nous communiquions dès que nous en avions l’occasion et chacun était pro-actif et souple. »
Une heureuse réussite à fêter bientôt sur le toit terrasse, entre mosaïques et aromates.
Une base vie perchée
L’installation de la base vie sur les Champs-Élysées a relevé d’une logistique pointue. Le constructeur devait se plier aux exigences de la ville et préserver au maximum la prestigieuse avenue. A l’aplomb du numéro 52 des Champs-Élysées, le trottoir a enfin retrouvé son aspect initial. La complexité du chantier et le nombre de compagnons nécessaires à sa réalisation ne permettant pas à ces derniers de s’installer dans les murs du bâtiment, c’est à l’extérieur qu’il a fallu aménager les bungalows.
Durant plusieurs mois, les piétons ont donc composé avec une imposante base vie installée à califourchon sur l’avenue. Avec six étages de bungalows posés sur des pilotis d’acier et une dalle de béton, ce véritable immeuble éphémère jouxtait l’édifice que les 400 compagnons remettaient à neuf. Sa hauteur atteignait une bonne vingtaine de mètres ! Comprenant le réfectoire, les vestiaires, les sanitaires et les bureaux, la base vie était ainsi perchée car le constructeur avait reçu de la ville de Paris la condition que le trottoir soit dégagé et reste entièrement visible des forces de police.
Gérer les approvisionnements et les évacuations de gravats sans gêner le public relevait également d’une logistique complexe. Aucun véhicule de chantier n’étant autorisé à stationner sur l’avenue, tout devait se dérouler dans la petite rue de la Boétie adjacente. L’approvisionnement en matériaux et l’évacuation des gravats se sont toujours déroulés en flux tendus.