Adrien Sanchez est responsable des études de prix et de la RSE chez Bouygues Bâtiment Ile-de-France. Il partage avec nous son parcours et nous parle d’une démarche innovante et qui se veut inspirante pour l’avenir du bâtiment : un concept building qui divise par 3 l’empreinte carbone d’un bâtiment de bureaux.
- Décris-toi en 3#
#Décomplexé
#Enthousiaste
#AuTaquet
- Raconte-nous ton parcours en quelques lignes :
J’ai commencé ma carrière dans le monde de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire pour l’EPA (Etablissement Public) Paris La Défense. J’y ai passé plusieurs années à travailler sur les sujets de stratégie urbaine (programmation), de développement durable et de transport. J’ai rejoint Bouygues Bâtiment il y a 11 années.
- Peux-tu nous expliquer ton métier et ses enjeux ?
J’ai une double casquette : je pilote les études de prix au sein de la Direction de l’Ingénierie de Bouygues Bâtiment Ile-de-France et j’ai le plaisir de gérer les sujets de RSE. D’un côté, j’accompagne les équipes commerciales dans la rédaction des appels d’offre, et de l’autre, je veille à ce que nos actions et nos ambitions soient cohérentes avec une trajectoire respectueuse de notre planète !
- Qu’apprécies-tu plus particulièrement dans ton métier ?
J’ai la chance de pouvoir travailler un peu avec tout le monde, c’est à dire tous les services de l’entreprise. La richesse de notre Groupe réside clairement dans ses collaborateurs. En portant des sujets de Direction de l’Ingénierie comme de RSE, je passe le plus clair de mon temps avec des personnes passionnées et passionnantes. Je m’estime chanceux.
- Peux-tu nous expliquer le concept ArchiSobre en quelques mots ?
ArchiSobre, c’est avant tout une façon de penser. L’idée n’est pas de créer une boite à outils mais bien de réfléchir avec nos ingénieries, notre commerce, nos clients et leurs investisseurs à une autre façon de concevoir l’immobilier avec pour objectif d’aller vers le plus bas carbone possible.
Nous savons que le secteur du bâtiment a un rôle majeur à jouer dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. En France, il représentait en 2020 43% des consommations énergétiques et 23% des émissions de CO2. Face à l’urgence climatique, nous avons notre rôle à jouer, notre pierre à rajouter à l’édifice. De préférence, un édifice durable !
Dans l’objectif de concevoir un concept building le plus bas carbone possible, nous avons mobilisé nos équipes d’experts durant plusieurs mois en s’affranchissant des limites d’un cahier des charges et en se basant sur les prévisions de climat projetées en 2040.
L’idée de ce concept était de travailler sans aucune limite : pas de contrainte de prix, pas de contrainte des sites, on essaie d’ouvrir les chakras en se disant : “Si nous devions pousser au maximum cette consigne d’aller vers le plus bas carbone possible, comment ferions-nous ?”
En s’appuyant sur nos savoir-faire et nos expertises, nous avons réussi à concevoir un bâtiment de bureaux qui divise par trois l’empreinte carbone habituelle des bâtiments.
C’est une démarche pionnière en termes de décarbonation. On arrive à mettre au point un produit qui est extrêmement disruptif avec 10 ans d’avance sur la réglementation.
Et comme on ne voulait pas rester juste entre nous, nous sommes allés chercher Franck Boutté qui est un urbaniste/bureau d’études passionnant et avant-gardiste, et 3 cabinets d’architectures (NeM, Martin Duplantier et Coldefy) pour qu’ils essaient de traduire notre pensée en termes architecturaux concrets.
- Comment cette démarche a-t-elle été menée ?
Nous avons identifié cinq sujets que nous avons jugés comme étant essentiels à la réalisation d’un bâtiment ultra bas carbone : la conception, une utilisation raisonnée de la matière, le compromis confort thermique/performance énergétique, l’évolutivité sans surdimensionnement, l’usage et la mobilité. Après avoir élaboré notre concept building, nous avons donné la main aux 3 architectes en leur proposant trois sites ayant trois climats différents : un dans le nord de la France, un en Île-de-France et un dans le Sud-Est. Spontanément, ils nous ont proposé trois projets très différents. Ils sont allés piocher dans les solutions que nous avions imaginées pour concevoir des projets sur-mesure à la fois très beaux et très différents les uns des autres.
Un de nos objectifs majeurs a été de travailler sur des leviers et solutions techniques qui existent déjà de manière à pouvoir développer rapidement les projets si les opportunités se présentent.
La principale innovation que nous pouvons retenir de cette démarche est la capacité à faire de l’ingénierie tout corps d’états, ainsi que le savoir-faire et les expertises de chacun de nos spécialistes qui nous ont permis de combiner ces solutions ultra bas carbone.
Ce qui est très intéressant, c’est qu’à partir d’un concept building et des solutions techniques éprouvées pour la plupart, nous arrivons à faire trois interprétations très différentes et surtout très vertueuses à partir de ce concept. Tout cela en réinterrogeant l’esthétique du bas carbone, de l’économie circulaire, de la terre crue, du bois, etc.
Cette démarche a pour vocation à faire évoluer la conception de nos bâtiments vers le très bas carbone. Les différents éléments constitutifs de ce concept building seront utilisés dès à présent pour l’optimisation des projets sur lesquels nous répondons.
Le concept building sera étendu sur d’autres segments de marché, notamment à très court terme pour la réhabilitation.