Christelle Atié est ingénieure travaux au sein du pôle bois WeWood de Bouygues Bâtiment France Europe. Elle nous parle du secteur du BTP et de la construction bois.
- Christelle, décris-toi en 3 hashtags
#Spontanée
#Durable (comme le bois !)
#Dynamique
- Quelles sont tes missions en tant qu’ingénieure travaux chez WeWood, le pôle bois de Bouygues Bâtiment France Europe ?
Mon rôle en tant qu’ingénieure travaux du pôle bois de WeWood est d’apporter mon expertise aux opérationnels travaux de Bouygues Bâtiment France Europe qui en ont besoin. Les missions sont très variées : appui technique, gestion du bureau d’études d’exécution, mise en place des plans de contrôle, formation etc… L’objectif est de continuer à capitaliser sur toutes les expériences bois de Bouygues Bâtiment France Europe.
Mes missions ont gagné en transversalité depuis que j’ai rejoint le pôle bois de WeWood il y a environ un an. Je ne suis plus uniquement sollicitée pendant la phase d’exécution d’un chantier comme je l’étais auparavant en tant que conductrice de travaux.
J’échange beaucoup plus avec les membres du groupement MOA-MOE sur la faisabilité du projet et la mise au point technique de celui-ci. Mon œil travaux apporte à l’ensemble de nos partenaires une approche du terrain et de ses problématiques : comment seront réalisés les assemblages afin qu’ils respectent les volumes de l’architecte ? Comment pouvons-nous enrichir les panneaux de bois avec des éléments rapportés ? C’est également un atout avec les équipes commerciales des Unités Opérationnelles du Groupe pour les sensibiliser sur les différents sujets règlementaires, techniques, et/ou financiers, relatifs à la construction bois.
La construction bois est aujourd’hui moins bien environnée que les traditionnels modes constructifs béton. La règlementation la concernant évolue, s’appuyant notamment sur les différents retours d’expérience d’exécution. Sa mise en œuvre demande une certaine rigueur et génère des problématiques différentes de celles des constructions traditionnelles (par exemple en termes de gestion d’humidité et d’étanchéité à l’air) : le bois étant un matériau vivant, plus sensible que le béton.
L’exécution d’un chantier bois n’est également pas à appréhender de la même manière qu’un chantier béton : Les éléments de construction étant préfabriqués, il faut anticiper l’ensemble des études (structure, mais également fluide, MEXT, ou façade) afin de pouvoir lancer la fabrication au moment voulu et respecter le planning chantier d‘éxecution.
Le développement de la construction bois s’inscrit dans une démarche globale du secteur du BTP plus écologique, plus industrialisée et dans la filière sèche.
L’intérêt pour la construction bois pousse à atteindre des performances environnementales élevées, à étudier l’impact carbone d’un bâtiment dans sa globalité et donc à s’intéresser à de nombreux matériaux à ce jour délaissés en construction traditionnelle : des matériaux biosourcés, des isolants upcyclés… C’est un cercle vertueux, notamment porté par l’ambition collective WeWood de Bouygues Bâtiment France Europe.
Et qui sait, bientôt, nous aurons des poulaillers et potagers en gestion partagée sur les toits des surélévations de Paris !
- Pourquoi avoir choisi le secteur du BTP et en particulier la construction bois ?
J’ai choisi ce secteur par conviction, la construction m’a toujours intéressée. Je suis curieuse de nature et j’ai toujours voulu comprendre le : « comment ça tient ? » ou « Pourquoi c’est fait comme ça ? ».
Cet intérêt me vient probablement de mon père qui m’a activement fait participer à la rénovation de la maison familiale depuis mon enfance, ou encore à l’élagage du jardin lorsque cela était nécessaire.
Son métier ? IInfirmier libéral. Mais il nous a appris que quel que soit le métier choisi, il serait forcément épanouissant si l’on s’y investit vraiment. Nous sommes 3 enfants et nous avons tous les 3 chacun à notre manière appliqué ce principe en choisissant des voies professionnelles complètement différentes : mon frère est chocolatier, et ma sœur termine ses études de médecine.
Le secteur du BTP a cet aspect très concret de voir quelque chose se construire physiquement jour après jour grâce à notre investissement personnel, c’est extrêmement motivant et valorisant !
De même que de voir des bâtiments centenaires toujours debout et parfois encore en exploitation.
Au moment de choisir mon orientation professionnelle, j’ai très longtemps hésité entre une formation ingénieure (dans le but de m’orienter vers le secteur du BTP), ou une formation professionnelle en ébénisterie ou menuiserie.
Le travail manuel m’attire beaucoup, et je trouve le matériau bois modulable, facilement transformable, chaleureux, et avant tout naturel ! Il a vraiment tout pour lui !
- On entend souvent parler de mixité dans le secteur du BTP, un mot pour défaire les idées reçues ?
On m’a déjà arrêtée dans la rue alors que je portais un casque orange pour me demander si j’étais un homme ou une femme (véridique, la faute aux cheveux courts sans doute…). Certains diront que dans l’inconscient collectif des gens, le BTP est associé aux hommes. Je pense que cela est vrai pour la génération de nos grands-parents. Les nouvelles générations sont plus que jamais sensibilisés aux discours tels que : « Il n’y a aucune raison pour que ton genre oriente ton choix professionnel », « Les hommes et les femmes sont tout aussi capables de prétendre aux mêmes métiers et choix de vie », « Sois ce que tu veux être ! ».
Bien-sûr qu’une femme a sa place dans le secteur du BTP, c’est tellement évident que ce n’est plus nécessaire de le dire ! Je ne connais aucun de mes collègues qui dénigrerait mon travail actuel, ou ma légitimité à ce poste, ni celle de mes collègues féminines parce que nous sommes des femmes.
En revanche c’est vrai que les jeunes filles n’ont pas encore assez d’exemples représentatifs, et il faut effectivement encourager la communication sur ces métiers encore sous-représentés.
Mais, j’aurais tendance à préférer parler de « diversité » plutôt que de mixité.
La richesse de l’entreprise provient de la diversité des personnes qui la compose, qu’elles soient de genre, d’horizon, ou de formation professionnelle différente.
La construction bois peut d’ailleurs être un vecteur d’accélération de la féminisation de nos équipes, notamment celle de la production sur chantier. La pénibilité étant moins importante, nous avons réussi à intégrer une femme dans nos équipes de pose. Le test est très concluant mais nous devons passer de la phase test au déploiement collectif…